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HUGGYHOME

Douze secondes 11

21 Juin 2006 , Rédigé par Seb Publié dans #NOUVELLES

Bienvenus à l'hôpital de Béziers

Vous connaissez, Jacques Pradel ? Vous vous souvenez ? Les bajoues, les frisottis, Mystères, les Ptits Gris, tout ça ?

Bon.

A priori, quand vous pensez à Jacques Pradel, vous vous dites : « Jacques Pradel, il nous a VRAIMENT pris pour des cons. » Ou alors : « Quel gros con, ce Jacques Pradel ! » Oui, je sais, on ne devrait pas insulter les gens sur un blog, c’est public et ils pourraient porter plainte. Oui, ho, hein, d’accord, mais il faudrait qu’ils prouvent le contraire, d’abord, les gens, au tribunal.

Pourquoi est-ce que je me suis jeté comme ça sur Jacques Pradel, moi ?

?

Ah oui, je sais.

Ce soir, je vous écris depuis mon travail.

Je suis arrivé il y a un quart d’heure, j’ai fait la bise et du café[i], et puis tout le monde est parti… Pour être tout à fait à l’aise dans l’écriture, j’ai besoin de ma petite ambiance. Je me suis installé bien bien avec la petite tasse, les cigarettes, le sucre, la cafetière pleine tout ce qu’il faut pour bien écrire. J’ai tendu l’oreille pour vérifier que tout était bien calme… Pas un bruit. Seulement, il me manque quand même la radio, j’aime bien, moi, écouter la radio, je ne vois pas grand monde dans la semaine, ça me fait une petite compagnie pendant la nuit. Parce qu’à part l’apparition matinale de mon autiste (artiste) préféré – vers les 5H 5H30…

« Do ! Do ! Do ! , qu’il crie.

-          Shhh, que je le lui fais à tout les coups, Oui, oui !

-          Do ! Do ! Do ! Do ! Do !

-          Oui, oui, oui ! Lui crié-je en chuchotant (c’est très technique), va prendre ta douche !

-          Do ! Do ! Do ! Do ! Do ! DO ! Il pointe son doigt au dessus de la tête, des fois que j’aurais pas bien compris, des fois que je serais trop con, hein ?

-         Oui, oui, OUI ! dis-je sur le même ton impatient. Va prendre ta douche, oui, va prendre ta douche, ta douche, va prendre ta douche… Oui. Vas-y.

-          Do.

-          Oui.

 

Il repart comme il était venu. Pendant une période, il descendait sans le bas de son pyjama. Il a ses petites lubies, souvent passagères. Quand il est dans l’escalier, je lui rappelle de ne pas mettre sa musique à fond, « Co ! Co ! Co ! », ça veut dire qu’il a compris. Il  écoute Gainsbourg, ou Noir Désir. Je me demande toujours ce qu'il comprend.

Je m’en méfie comme de la peste : il est toujours près à me piquer quelque chose, à entrer dans la cuisine derrière mon dos, à me siroter la cafetière (brûlante) sous le nez… Bon, j’ai un avantage… Je ne suis pas autiste. Mais il est doué l’animal, il a déjà réussi à me baiser mes clefs, une fois.

C’est calme, pendant la nuit, ils se réveillent assez peu. C’est bientôt les vacances.

Manquer de radio m’a fait penser à Jacques Pradel, car figurez-vous que Jacques Pradel anime le matin sur Europe une émission que j’aime bien, de vulgarisation, il invite des gens très cultivés qui parlent de Spartacus, des Sioux, de la Commune, que sais-je ? Ça me plait bien, en tout cas. Jacques, je vous présente mes excuses et je suppose que TF1 vous aura fait perdre la boule à l’époque. Voilà pour vous. Au suivant.

Bon ! Où en étais-je de cette histoire d’accident ? Je ne sais pas si elle a encore de l’intérêt, et je pourrais en tirer la conclusion, ça irait plus vite, parce que là, je pérore, je soliloque, je vais finir par vous casser les pieds. Non, mais comprenez-moi : je vais mon rythme ; et si je me suis retiré du monde, c’est pas pour mettre à speeder comme un malade. Désolé, hein, j’ai déjà donné, merci.

Ah oui, des nouvelles de mon neveu qui a fait face à face avec un 4X4, bon, il est réveillé, il aurait le moral, mais il est hors d’état de m’accorder une revanche au ping-pong pour un bon moment. Il aura beaucoup de batailles à livrer, mais il est jeune, c’est un compétiteur, à mon avis il gagnera. Bon courage, garçon.

Une chance qu’on a, lui et moi, c’est de connaître l’amour. L’Amour, allez, vraiment, il mérite bien les majuscules celui-là, non ? L’A-mour, écrirais-je même, si j’étais socio-psycho-lacanien. Ça ne veut rien dire, mais ça vous parle, non ?

 

Les pompiers m’ont mis la sirène en entrant en ville, j’étais complètement dans le cirage, avec l’oxygène et tout, et puis j’avais demandé une petite piqûre au docteur du Samu. Je me souviens que je n’aimais ces regards inquiets, et, pire, ces coups d’œil à la sauvette vers mon épaule… Je me souviens aussi avoir quémandé une gorgée d’eau, on allait m’opérer, je le savais. Ensuite… Je n’avais jamais eu aussi mal de ma vie. Je me rappelle un grand ascenseur, des radiographies, je ne sais plus ce que le chirurgien m’a dit, ça allait très vite, j’arrivais plus à suivre. Dépoilé et allongé sur la table, le gros projecteur dans les yeux… et l’apaisement quand j’ai basculé dans le noir…



[i] Zeugma !

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S
Tout fout le camp
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M
note supplémentaire: avec la dernière réforme de l'orthographe, on arrive à trouver des fautes même dans le TLF.maintenant, on doit écrire "contigüe".t'en foutrais, moi, des décalages de trémas.
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M
Plus complet que Desproges, quoi que moins marrant, la définition de zeugma par le TLF.quand au cas Villepin (je le dis là parce que je soupçonne que nul n'ira lire l'intégralité de la définition) il est au moins aussi pathologique que le tien. Tu veux une définition de pathologique?RHÉT. Procédé stylistique consistant à rattacher syntaxiquement à un mot polysémique deux compléments (ou plus) qui ne se construisent pas de la même façon ou qui ne correspondent pas au même emploi de ce mot. Le zeugme (...) confère à l'expression plus de souplesse et plus de vivacité. Si Flaubert se permet d'écrire: ... Je trouve les vers plus tendres que la prose et qu'ils font bien mieux pleurer. ... et si Mauriac nous dit: ... Je m'étonnais de son aménité et que ses yeux fussent rougis par les larmes. ... nous ne verrons plus, dans ces formes mixtes, qu'une figure permettant de présenter tour à tour une substance et une action, ce qui confère au nom le caractère d'une image statique et ce qui déclenche, à travers le verbe, les effets émotifs de la vie (MORIER 1961). Soit la phrase suivante, de Matzneff (Mes amours décomposées): Elle [Danièle] est pulpeuse, sensuelle, protestante. Par rapport au thème Danièle, représenté par le mot Elle dans la phrase, les deux premiers qualifiants, pulpeuse et sensuelle, sont parfaitement homogènes. En revanche, leur est immédiatement coordonné, par une juxtaposition absolument contiguë, un troisième qualifiant, protestante, qui appartient à un tout autre registre de signification que les deux précédents. C'est en cela que consiste le zeugma (G. MOLINIÉ, Dict. de rhét., Paris, Le Livre de poche, 1992, p. 338). V. attelage C 3 b ex. de MORIER 1961.Ceci dit, elle est pulpeuse, sensuelle, protestante, outre que c'est un zeugma, c'est un mensonge. A-t-on jamais vu un protestant sensuel ?
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S
Mon autiste n'est pas descendu cette nuit. Il est peut-être mort, mais je n'ai pas vérifié.Sinon le zeugma, c'est Desproges qui m'en a donné la définition. On la ramène moins, là ?Sinon, dans la prochaine j'ai envie d'analyser le cas Villepin. Vous croyez que c'est pathologique ?
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G
à propos de l'art symbolique de mettre et d'enlever des majuscules, 2 remarques :<br /> -l'Amour incommensurable la vaut bien (sa majuscule), Jacques Pradel, sauf à s'incliner devant la convention qui veut que l'on traite ainsi les noms propres, les mérite un peu moins (ses majuscules), et en dépit de toute la bonne volonté qu'il semble mettre à la radio...<br /> -y'a pas moyen d'inventer une voie médianne entre la minuscule et la majuscule... entre la voie passive et la voie active, entre les résilients et les non-résilients :  A la rescousse, mieux qu'inviter Alain Rey qui vient de se faire débarquer de France Inter, tu peux pas voir si ton autistes-artiste n'a pas une idée derrière (ou au-dessus de) la tête ?
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