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DOUZE SECONDES 3

15 Avril 2006 , Rédigé par Seb Publié dans #NOUVELLES

 

 

J’ai participé à quelques réunions avec Philippe, qui m’a présenté comme son assistant, j’ai lié des amitiés avec des Italiens, des Allemands, des Américains, des Mexicains, des Palestiniens, tous des gens qui avaient la descente facile. J’ai remarqué que je parlais mieux, enfin, que je me faisais mieux comprendre quand j’étais un peu pompette. J’ai beaucoup moins de « heu… ». Je me souvenais aussi des mises en garde de mon frère Laurent au sujet des dangers de l’alcool, aussi je laissais traîner mes verres dans tous les coins ; de toutes façons, je n’avais pas le rythme et j’allais toujours me coucher avant tout le monde, bien ivre quand même. Ça m’a empêché de devenir un ivrogne, surtout sur la fin. Mais il était temps parce que j’étais prêt à plonger, comme les copains. C’est le métier qui veut ça.

Ma première réunion, c’était en Turquie, et j’ai compris la technique de Duvert pour créer de bonnes relations, c’est la technique du pastis. A une table de discuteurs inconnus, pendant les moments informels, tu t’amènes avec une bouteille de pastis et tu proposes un échange culturel en leur faisant partager un moment bien français : l’apéro. Quelques minutes plus tard, les conversations ont redoublé d’intensité. C’est beau, les échanges culturels… En Turquie, je suis passé à la moulinette du massage (très viril) après une séance au hammam, en Espagne, je me suis endormi dans des bars à tapas, et une gitane m’a fait danser le flamenco, en Biélorussie, j’ai regardé les grosses mitraillettes de la police  copieusement insultée par le compère Régis ; dans ce  pays, le pastis a fait ses preuves, : il est souverain contre la vodka : il casse le Russe en deux dès le troisième godet (il faut doser yaourt quand même), lequel est dans l’incapacité de te resservir derechef. On lutte comme on peut…

Juste avant la deuxième saison, Philippe est parti en vacances au Mexique, il y est resté pendant plusieurs mois. C’est donc naturellement que j’ai continué le poste, j’ai repris le truc, quoi. J’étais toujours objecteur de conscience, mais objecteur de conscience en chef. Ils ont même doublé ma solde, au noir, bien entendu.

Dans ces associations d’entraide internationale, on utilise autant qu’on peut les stagiaires, CES, contrat jeunes, d’orientation, de professionnalisation, bref, toutes les enculeries de jobs qu’on trouve dans la jungle des emplois aidés ; la grande spécialité, c’est le volontaire long terme ; la bonne poire, celui-là : on lui verse juste assez pour qu’il ne crève pas de faim. Il a le logement précaire en plus du contrat. En ce qui me concerne, grâce à la magnanimité de Crcrdia, je gagnais désormais de quoi investir dans une location.

A ce moment là, je vivais chez mon frère qui avait ouvert un resto entre la place des Fêtes et les Buttes-Chaumont, en haut de la rue de Belleville, tu vois ? J’étais très fatigué car j’y travaillais le soir, à la plonge, pour filer un coup de main. Rude école, la cuisine… On est tout le temps à fond, jusqu’à la dernière minute avec la serpillière… Après, on sort le champagne : chaque service terminé est une victoire. On est en famille. Deux de mes frères, ma copine, mon père… On se soutient. La situation est difficile.

Désormais, nous vivions dans un studio du XVIIIème, propre sauf les cafards.

J’avais un nouveau chef.

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S
C'est gentil de ne m'avoir pas humilié en public, marie, continue à m'envoyer tes remarques parmail ! Merci. Quant àmes frères ils sont trois en tout
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M
dis, t'en as combien des frères?
Répondre
M
dis, t'en as combien des frères?
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