Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
HUGGYHOME

Amour à l'échafaud 1

27 Juin 2008 , Rédigé par Sébastien Clivillé, Hagaär Dünor, Totoseb, the Toxic Avenger Publié dans #NOUVELLES

A l'origine cette nouvelle ( en épisodes) a été écrite pour le magazine nous-deux, hum, oui, bon, ça va, ça va, je sais. Désolé pour ceux qui connaissent déjà. Vous verrez un modèle d'"auto-plagiat", ce qui est très fort. Bon, ça va, hein ?


Enveloppés dans leur cocon de chaleur animale, chiffonnés de paille humide, ils sont restés tendrement enlacés. Longtemps… C’est la rumeur qui les a réveillés : Marie-Antoinette, l’Autrichienne, épouse de louis XVI, vient d’être arrêtée et on l’a jetée au bas d’une fosse. La Conciergerie est une prison. La prison du Tribunal Révolutionnaire. Le tambour roule, et les amants regardent s'éloigner les rivages de la vie… On se saisit de Louise et de Paulin, on les attache :
- Paulin !
- Louise !
La figure boursouflée et rougie par l’alcool, un gardien au bicorne de travers leur arrache le col et entreprend de leur raser la nuque… L’heure approche.

Trois ans plus tôt, été 89.

Ce jour-là, le soleil se lève à quatre heures et huit minutes, écrit le roi dans son registre. La ville s’est échauffée toute la matinée, et cet après-midi, les rues de Paris se sont encore embrasées. C’est le 16 juillet. La nouvelle Assemblée Nationale est toujours réunie au Jeu de Paume, et le peuple manifeste dans les rues de Paris. La rue est à la Rue, aux révoltés enthousiastes, aux marmots en loques, aux vieillardes édentées, aux polios, aux albinos, aux culs-de-jatte dans leurs petites boîtes, aux fous de toutes les manières, aux trisomiques, aliénés, caractériels, paranoïaques, tous le poing brandi, sauf les manchots, ça va de soi.
Ils ont gagné la liberté.
On accourt de partout en criant « - Aux armes ! », des flambées dégagent des fumées âcres.

Un solide ouvrier, Augustin, et son jeune apprenti tailleur de pierre, Paulin, 18 ans aux prunes, se sont mêlés à la foule agitée : on a fait la révolution, bon sang, la forteresse de la Bastille est tombée avant-hier ! Gloire à la Nation ! Vive la Liberté ! En avant !
Ils vont au chantier.

Apprenant la chute de la Bastille, leur patron, le rusé Palloy, s’est aussitôt présenté devant l’Assemblée : il a fait un grand discours en parlant de gloire et de nation, et il a emporté le marché de démolition de la forteresse, comme on dit aujourd'hui. Il a donc envoyé des centaines d’ouvriers abattre les murailles. Ils avancent en formation guerrière, pioches à l’épaule. On les acclame, on leur lance des fleurs. Le bataillon presse le pas : on part mettre à bas le symbole de la tyrannie de Louis XVI ! Augustin chante et braille tant qu’il peut, porté par l’enthousiasme de l’événement. Il tape dans le dos de son jeune apprenti tellement il est content, et l’autre manque de s’étaler sur un couple d’ivrognes vautrés dans le caniveau, on a mis les tonneaux en perce.

Ils remontent le Faubourg Saint-Antoine, et là, la foule devient plus dense. Excitation, bousculades aussi, parfois on est soulevé, on avance par ondulations, compacté par la pression des corps ; une boulangerie est saccagée sous leurs yeux :


-
Du pain ! crient les émeutiers en brandissant des piques.
Et encore : - A la Bastille ! Il y a eu des morts hier à la Bastille ! En avant, et mort aux traîtres !

 

 Paris a faim : les boulangers n’ont plus de farine, Paris a faim, mais elle est joyeuse, ce soir, elle fait chanceler le despotisme ! Ici et là, des bouteilles de vin surgissent d’on ne sait trop où et s’éparpillent au-dessus de la foule : on vient de passer devant un couvent. On l’a pillé, on a calotté le chanoine, on a même trucidé quelques religieux pour rigoler. La foule est sans merci... On se renverse, on chante des chansons paillardes, on s’interpelle, c’est un joyeux bazar, les Vikings sont lâchés, on se balance des caleçons de moine à la tête, on boit le vin de messe à pleins ciboires…

La populace est à la fête.


Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
"
Une histoire facile à suivre et assez dure, vu le contexte historique. Vite la suite.Charly...
Répondre
S
<br /> Over, Roger tango, charly. Vite !<br /> <br /> <br />
Q
OK... suite au prochain numéro !... c'est un hebdomadaire, ton blog ou un mensuel ?Je voudrais bien connaître l'entre deux maintenant que j'ai le début et la fin...Gros bisous, Seb, je plaisante... Parce que j'aime bien.
Répondre
S
<br /> C'est le genre qui veut ça. Faut trop se fatiguer la tête à lire, alors autant commencer par la fin. Tu lis pas nous-deux ?<br /> <br /> <br />
M
Tu as le don de planter le décor très réel...Un point fort
Répondre
S
<br /> Ainsi don don don, les petites historiettes ?<br /> <br /> <br />