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A LA MANIF : TROTSKISTES, CRS ET POLITICIENS

8 Avril 2006 , Rédigé par Seb

Éclaircissements

 

Je vous préviens, aujourd’hui j’ai écrit en manuscrit avec une vraie feuille papier que je vais recopier sous vos yeux émerveillés.

 

Je voulais vous parler de ma manifestation à Evreux, préfecture de l’Eure, numéro 27, Haute-Normandie. Mais j’ai des jacinthes sous le nez, bon sang ! Ça pue tellement que j’en perds mon fil.

 

Permettez que je dégage ces sales bêtes, j’ai jamais pu piffer les plantes en pot, c’est physique ; à chaque fois que je me mêle de leurs soins, elles crèvent ; si c’est pas une preuve, ça…

 

 

 

 

 

A LA MANIF : TROTSKISTES, CRS ET POLITICIENS

 

Salut.

 

Il est 6h10, c’est le matin et j’attends que ma collègue se lève, on prendra un café en papotant du CPE, c’est le sujet qui fâche. D’ordinaire, je ne suis pas très bavard à cette heure-là, je guette la pendule pour pouvoir enfin aller me coucher, parce que je travaille de nuit, il en faut. Qui est-ce qui veillera sur vos handicapés, sinon ? Et s’il y en a un qui faisait une crise ?

 

 

 

Oui, bon, le CPE, la manif, tout ça, vous avez dû en entendre causer, non ? Un beau bordel, entre nous. Enfin, moi, je ne me plains pas : j’ai toujours aimé ça, l’esprit frondeur, la contestation, la manifestation, les pavés qui volent ! Paraît que la France est le pays le plus antilibéral du monde. Antilibéral au sens français du terme, j’entends. Car quand on passe la Manche, le mot liberal se retourne comme un gant et prend un sens tout à fait étonnant, sinon contraire. Chez nous, libéral, ça veut dire réac, capitaliste, gros con, c’est un gros mot, quoi. Là bas, pas du tout :  ça veut dire progressiste. Enfin, c’est mon homologue philologue et angliciste Marie Rnnd qui vous raconterait ces curiosités linguistiques mieux que moi. Aussi vais-je IMMEDIATEMENT cesser mes élucubrations, avant que vous ne vous endormissiez.

 

 

 

Donc, contrairement à certaines personnes que je ne citerai pas ici, les manifs, moi, j’aime bien, moi.

 

Bien. On avance.

 

Nous avons gentiment défilé –quelques milliers ? depuis la salle omnisports jusque devant l’hôtel de ville –je vois pas pourquoi je lui donnerais de la majuscule, investie aux dernières municipales par M. Jean-Louis Debré.

 

Un jour, je travaillais à Evreux dans une petite entreprise qui vendait du vin par correspondance avec des étiquettes personnalisées. J’étais chargé de conduire la machine à faire les lettres, de répartir les mailings par code postaux et de préparer les colis. Le patron m’avait soufflé qu ‘il faisait de la politique et qu’il ne fallait pas que je m’étonne de voir passer des courriers destinés aux adhérents du RPR, comme on l’appelait à l’époque. Cet homme était un bon ami de Jean-Louis Debré, le député local. Je ne m’étonnais pas, donc, même si cette machine servait beaucoup à ce courrier. Plus qu’à quoique ce soit d’autre, mais fallait pas le dire, chut ! Je suppose que tout ce courrier était facturé. Bien entendu. Honni soit qui mal y pense. Un jour, j’ébarbais des pin’s de l’assemblée nationale à la meuleuse, concentré sur ma machine, s’agissait de ne pas se faire happer les doigts par la bête. Soudain, quelqu’un arrive et se jette sur moi en me tendant la main : c’était Jean-Louis Debré ! Que vouliez-vous que je fisse ? Que je lui mollardasse aux pieds ? Je lui serrai la main, pris en traître. Je me faisais virer quelques jours plus tard, non sans avoir saboté quelques courriers au RPR. De la même manière, je me suis fait sauter dessus par Laurent Fabius ; ce jour-là je buvais tranquillos une Pelforth-fraise au comptoir d’un bistrot d’Elbeuf, et là non plus, je ne pus rien faire. Je lui ai serré la louche, mais je ne suis pas particulièrement adepte du fabiusianisme, contrairement aux rumeurs et autres sous-entendus que certaines mauvaises langues font courir sur ce blog.

 

Nous avons donc manifesté sous la banderole de la ligue communiste révolutionnaire, par le plus grand des hasards. C’est amusant de défiler avec des gens motivés qui braillent leurs slogans. Je ne suis pas de cette chapelle, même si je me suis présenté sous leur bannière aux municipales de 199..J’étais jeune et eng(r)agé ; je ne suis pas encore vieux, mais j’ai plutôt tendance à me planquer et à laisser les gens se démerder entre eux, maintenant. Sauf quand il faut lutter pour la défense de l’environnement ou de José Bové.

 

Nous sommes arrivés en même temps que les amis du facteur Besancenot, voilà pourquoi.

 

Bref.

 

Une demi-douzaine de CRS nous a accompagnés pendant toute le balade. J’ai pu les admirer de près, sous leurs carapaces de skaters de l’enfer, massives tortues ninjas, gros bâtons, nuques épaisses, bedaines en avant… Des professionnels, prêts à nous fendre la tête si on leur en donnait l’ordre, sans états d’âme.

 

Mais le soleil brillait fort –en Normandie ! et tout le monde était d’humeur badine, même les flics. Ils draguaient les jolies manifestantes, il y en a qui ne doutent de rien. Tout à coup, mon père me donne du coude dans les côtes :

 

« - Tiens, regarde, y’a ton copain François Loncle.

 

François Loncle, c’est le député de l’Eure. Socialo. Les trotskistes se marraient –monsieur était jospiniste et Jospin a été trotsko- et moi aussi je rigolais. Si j’ai eu une certaine animosité pour ce petit bonhomme, c’était purement personnel, étant donné qu’on a partagé un temps la même gonzesse. On avait dû se faire baiser de la même manière, en fait, c’est ce que je pense maintenant, une plaie, cette fille, un fléau. Elle doit encore être en prison à l’heure où je vous parle.

 

 

 

Nous sommes arrivés sur la place de l’hôtel de ville qui porte un nom que j’ai oublié, et la manif est repartie sans nous : après une pause devant un demi bien frais et sans faux-col, on a réalisé qu’on avait un peu mal aux jambes, alors on est rentré à la maison.

 

Je crois que la prochaine manif aura lieu mardi prochain ; j’espère qu’il fera beau.

 

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S
Pour moi ça va, les tribunaux se chargeront du reste.
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C
salut seb, la manif continue, où vous arrêtez???
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E
" Tout est à nous, rien n'est à eux, tout ce qu'ils ont,ils l'ont volé" lalalalalaT'as oublié de parler du baryton de la LCR qui nous a limite percé les tympans mais qui avait le mérite de chanter à peu près juste.
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M
pardon. Ô mon maître. je sais bien que ce n'était qu'un égarement paçager
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S
Ça faisait longtemps que tu n'avais pas été désobligeante, méchante.
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