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Légères perturbations au-dessus de la Normandie

16 Septembre 2008 , Rédigé par Sébastien Clivillé, Hagaär Dünor, Totoseb, the Toxic Avenger Publié dans #PERSONNELLEMENT -MOI - JE

Excusez-moi. Je pense à vous et je vous remercie de vous soucier de mon sort.

Je n'écris plus ici depuis quelques jours, ou quelques semaines, déjà, je ne sais plus...

Les physiciens spécialistes de la chose prétendent que le temps est étirable, à cause de la vitesse constante de la lumière ; moi, poète, je suis bien d'accord avec eux, même si je suis tout à incapable de vous refaire la démonstration. Ces temps derniers, je les trouve caoutchouteux, pour ne pas dire immangeables : tantôt, ils filent comme des qui auraient attendu le dernier moment pour remettre leur feuille d'imposition, et parfois, il se traîne, pisseux comme un automne de Normandie...

Le temps n'est jamais à l'heure, trop pressé, ou trop épais.

Je me suis mis trente fois au clavier, avant de me décider. Et puis j'ai remis ça à plus tard. A la prochaine. Non, pas tout de suite. Finalement. Après. Pas maintenant. J'ai préféré griffonner dans mon petit cahier à la belle couverture que m'a offert mon amoureuse, ou alors regarder des films romantiques... J'aime ça, moi, les belles histoires d'amours qui finissent mal, vous savez, quand on pleure à la fin, quand le héros il meurt... Les amours qui changent de genre, selon leur nombre...

C'est à dire que quand je m'y mets, à écrire, rien que d'ouvrir le capot de ma machine, je cherche mes cigarettes, je ne sais pas, peut-être est-ce parce que j'ai besoin des volutes de fumées pour m'inspirer ? Le problème, c'est que je n'ai plus rien à aspirer : je n'ai plus de cigarettes, j'essaie d'arrêter de fumer. Pourtant, c'est pas l'envie que me manque : les habitudes me pourchassent, me harcèlent, me picorent, me chicorent, harcelé par le doute et les récepteurs de nicotine qui réclament leur dose, je souffre, pauv tit pépère... Au réveil, au café, en voiture, quand quelqu'un s'allume une clope, dans la rue, à la queue du cinéma, en revenant du boulot, à la pause, avant la réunion, après la réunion, au marché, au bistro, en sortant de la banque, du libraire, en partant en balade, en revenant de balade, en écoutant de la musique, comme ça, vingt fois par jour, la salope me tente au coin de la rue, du point du jour jusqu'au crépuscule... Hého, me dit l'envie, une petite cigarette ?

Mes journées sont faites de petites victoires sur moi-même. J'ai des crises de manque, bon, je gère, et puis j'ai eu aussi des crises d'angoisse, tu sais, quand on s'éparpille sans parvenir à se rassembler, on a l'impression de devenir dingue, d'un coup, on dit n'importe quoi, on a envie de se rouler en boule sous une couverture, vous voyez le genre de truc quoi.

J'avais finis par me résigner ; après vingt-deux ans d'addiction, je me disais que je serais fumeur jusqu'à mon terme, comme cette femme qui ouvre le clapet de sa trachéotomie pour s'injecter une bonne bouffée...

Je sais pas pour vous, mais autour de moi, le cancer fait des ravages. Ça tombe comme des mouches, par chez nous, les babyboomers. Pas forcément des cancers du fumeurs, non, c'est même assez rare, dans la masse, finalement, toutes sortes de cancers, les seins, les ganglions, les pancréas, les oesophages, les testicules, les anus, les intestins, les ovaires, les utérus, les cerveaux... Toutes ces maladies créées par l'homme, moi, ça me fout les foies. Ça me terrorise, bien plus qu'AL-Qeiada (petit clin d'oeil à la CIA).

Je dis pas que j'y échapperai, mais je sens que c'est pas la peine d'en rajouter.

Les écologistes, sourcil froncés, le disaient bien, depuis cinquante ans, attention, ça va nous retomber sur la gueule, attention, sur celle de nos enfants, aussi, attention ! Les antis, goguenards, disaient mais non, c'est génétique, t'inquiète.

Le déclic, c'est l'amour : j'ai pas envie que, dans trente piges même pas, mes proches viennent pleurnicher au-dessus de mon cadavre, en se disant que c'est injuste, que c'est trop tôt.

Ça m'est arrivé récemment, et, je vais vous dire, de voir quelqu'un partir trop jeune, trop vite... C'est sans doute trop dur, ça a beau être inacceptable, n'empêche que c'est là.

C'est aussi pour ça que j'avais pas envie d'écrire, pas trop, le deuil, vous savez ce que c'est, on se retrouve... incapable... J'avais plutôt besoin de parler parler parler de cet inacceptable, intolérable mort. Parler avec la bouche, je veux dire : écrire, c'est pas pareil. Moi je veux partir comme la grand-mère, sans m'en apercevoir, en foutinant dans la salle de bains.

Mais bon... On ne choisit pas, j'avais oublié. Même les macrobios craignent le crabe.

Avec le pognon que j'aurai économisé, j'irais bien aux Antilles.

Il faut que je reste vigilant : la dépendance au tabac, c'est pernicieux. J'ai pas gagné. Pas du tout.

Une petite bière ?

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L
Je réponds à ta question avec un très très grand retard -s'cuse-moi - tu me demandais si j'avais fumé et tu pensais à de l'Héroïne - NON absolument pas , heureusement pour moi ! simplement , tant de privation de nuits de sommeil à cause des enfants , que j'ai fini par tomber accro de somnifères largement distribuès par le toubib de l'époque et ceux qui les ont suivis ! Une véritable Merde !!! alors que s'ils m'avaient dit : a la troisième nuit sans sommeil vous allez inévitablement vous endormir NATURELLEMENT ...C'est carrément criminel ce dopage légalisé et j'ai connu la presque panique de "'manquer "...Si au moins les gens savaient dans quelle galère on les entraîne ! J'ai eu beaucoup de chance de réussir à me déconditionner - en une semaine !!!  Il y a des années de ça et je dors comme un bébé depuis ( parce que le sommeil n'est pas du tout le même avec les médocs - il n'est pas réparateur ! )  Bonne journée Seb  ;-))
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S
<br /> Ha oui des somnifères, j'en prends aussi. Miam !<br /> <br /> <br />
E
Merci pour eux et merci pour tout :)
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S
<br /> ;-)<br /> <br /> <br />
L
Allez hop, 2 ans c'est quoi à l'échelle géologique? Si t'enlèves le s, ça va te motiver...tu pourras même avoir un pied à terre, 3m2 de chambre ou une tente dans le jardin parmi les héliconias qui gènent pas trop encore pour atteindre le clavier...Tu mouches pas ton nez, ni remontes tes chaussettes quand on te parle? Mais c'est pas bien ça, du tout bien! Je peux te mettre dans mes liens?
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S
<br /> Tu peux, si en plus tu fournis l'hébergement...<br /> <br /> <br />
L
Ben woilà, j'en étais sûre, c'était bien un lion rugissant, un lion un peu éducateur, en plus...(Bon, j'ai pas encore visité tout, mais je reviendrai, sans s aubout, c'est pas du conditionnel)...Les Antilles, c'est sûrement moins cher que la Nouvelle Calédonie, pour un voyage, c'est sûr. Quand j'aurai arrêté de cloper, je m'offirai un voyage en Normandie, j'adore l'exotisme.(Au Népal, j'ai vu dans le journal qu'ils publient des planches de Hagaar Dunor, mais en anglais. C'est un signe, non?)
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S
<br /> Il faudrait que j'arrête de fumer pendant deux ans pour aller en kanaky... J'aimerais vraiment, pourtant. Avec un s, parce que c'est pas définitif... A bientôt !<br /> Pas très éducateur malgré tout, car statutairement, nous autres surveillants de nuit ne sommes "que" des services généraux ; c'est pourquoi on ne se mouche pas forcément quand on nous parle !<br /> <br /> <br />
L
Les durs effets du manque ...on a froid quand il fait chaud ...de petites victoires en petites victoires tu marques des points petit Hérisson et tu vas retrouver des poumons tout roses ! l'angoisse du deuil + le manque de nicotine ...je comprends que tu risquais pas d'écrire ...mon auguste pensée t'accompagnait comme celle de tous ceusse qui te suivent...une tite bière ?...merci de l'offre mais je préfère du thé à la menthe  ;-))  Contente de revoir tes pattes de mouches , celles-là je les aime  ( pas celles dont je parle)
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S
<br /> C'est de l'héroïne dont tu me parles-là, non ? Je trouve des similitudes, notament la peur de n'être plus soi-même, l'illusion d'avoir un besoin vital du produit, ne pas pouvoir imainer sans. La<br /> dépendance physique s'estompe plus rapidement que la dépendance psychologique. C'est conçu pour ça, des savants y ont sans doute travaillé.<br /> Tu crois pas ? T'as déjà fumé ?<br /> <br /> <br />